27 août 2015

Tartines grillées aux fèves edamame


Certaines feuilles commencent à jaunir.
La panique dans mon estomac.
Un été sans fin. Comme ce serait le bonheur.







Ingrédients pour 6 tartines:

  • 120 g de fèves edamame entières congelés (environ 80 g cuites et écossées)
  • 30 g de beurre mou
  • 1/2 cs de sauce Sriracha ou plus pour davantage de piquant...
  • 1 cs de jus de citron
  • 1/2 citron confit, environ 10 g
  • 1/2 gousse d'ail 
  • un peu de miel
  • sésame au yuzu ou autre
  • pain de votre choix (ici pain aux pavot du four de l'Adde)

Cuire les fèves edamame 5 minutes dans une eau bouillante.
Egoutter, rincer, refroidir puis écosser.
Mélanger le beurre mou avec la sauce Sriracha. Réserver à température ambiante.
Dans un hachoir électrique déposer environ 60 g de fèves écossées
(garder les 20 g restant pour la garniture), l'ail, le citron confit et le jus de citron. 
Pulser pour obtenir un mélange grossièrement haché. Saler.
Griller les tranches de pain et dès la sortie du four, les tartiner de beurre-sriracha.
Garnir avec la purée de fèves et quelques fèves entières.
Saupoudrer de sésame au yuzu et arroser chaque tartine d'un léger filet de miel.

23 août 2015

Gravlax de saumon aux cassis


"Au lendemain de la Nuit des étoiles, ils sont tous affligés d'un douloureux torticolis.
Mais pas moi. Il y avait une luciole dans ma haie."

"Restez dans vos tanières, tigres, loups, gorilles: un homme s'est échappé ! Il est dangereux."

Eric Chevillard







Ingrédients:

  • 2 filets de saumon de qualité, 400 g en tout (sans peau, ni arêtes)
  • 80 g de sucre
  • 50 g de gros sel
  • 1 cc de poivre noir moulu
  • 120 g de cassis

Mélanger ensemble le sucre, le gros sel, le poivre noir et les cassis.
Ecraser bien à la fourchette les cassis pour qu'ils libèrent leur jus.
Badigeonner chaque filet de saumon avec cette mixture en malaxant avec les mains
pour bien enrober la chair du poisson.
Sur un film alimentaire assez grand, déposer un filet de saumon puis l'autre par dessus.
Envelopper serré avec le film alimentaire et déposer dans une assiette creuse.
Disposer sur le poisson une planchette avec du poids dessus (brique de lait, conserve etc)
pour faire pression. Placer au frigo durant 3 jours: vider régulièrement le jus qui s'écoule
et tourner en même temps les filets.
Le jour J déballer les filets, les rincer rapidement et bien les éponger.
Couper en fines tranches et servir avec l'accompagnement de votre choix.

18 août 2015

Coup de coeur littéraire


Maylis de Kerangal, Réparer les vivants.
Une histoire de transplantation cardiaque.
Un coeur qui s'arrête dans un corps
et reprend vie dans un autre.
Une histoire de battement..
Fabuleux ♥♥♥




Extraits:

"Ce qu'est le coeur de Simon Limbres, ce coeur humain, depuis que sa cadence s'est accélérée
 à l'instant de la naissance quand d'autres coeurs accéléraient de même, saluant l'événement,
ce qu'est ce coeur, ce qui l'a fait bondir, vomir, grossir, valser léger comme une plume
ou peser comme une pierre, ce qui l'a étourdi, ce qui l'a fait fondre - l'amour; ce qu'est le coeur
de Simon Limbres, ce qu'il a filtré, enregistré, archivé, boîte noire d'un corps de vingt ans,
personne ne le sait au juste, seule une image en mouvement créée par ultrason pourrait
en renvoyer l'écho, en faire voir la joie qui dilate et la tristesse qui resserre, seul le tracé d'un électro-
cardiogramme déroulé depuis le commencement pourrait en signer la forme,
en décrire la dépense et l'effort, l'émotion qui précipite, l'énergie prodiguée pour se comprimer
plus de cent mille fois par jour et faire circuler chaque minute jusqu'à cinq litres de sang,
oui, seule cette ligne là pourrait en donner un récit, en profiler la vie, vie de flux et de reflux,
vie de vannes et de clapets, vie de pulsations, quand le coeur de Simon Limbres,
ce coeur humain, lui échappe aux machines, nul ne saurait prétendre le connaître,
et cette nuit là, nuit sans étoiles, alors qu'il gelait à pierre fendre sur l'estuaire
et le pays de Caux, alors qu'une houle sans reflets roulait le long des falaises,
alors que le plateau continental reculait, dévoilant ses rayures géologiques, il faisait entendre
le bruit régulier d'un organe qui se repose, d'un muscle qui lentement se recharge -
un pouls probablement inférieur à cinquante battements par minute quand l'alarme d'un portable
s'est déclenchée au pied d'un lit étroit, l'écho d'un sonar inscrivant en bâtonnets luminescents
sur l'écran tactile les chiffres 05:50, et quand soudain tout s'est emballé."


(…) elle les voit qui passent devant elle, le père et la mère, (…) elle suit des yeux leur marche lente 
vers les hautes portes de verre ; s'adosse contre un pillier pour mieux les voir : la verrière
est devenue miroir à cette heure, ils s'y reflètent comme se reflètent des fantômes à la surface 
des étangs les nuits d'hiver ; ils sont l'ombre d'eux-mêmes aurait-on dit pour les décrire, la banalité 
de l'expression relevant moins de la désagrégation intérieure de ce couple que soulignant 
ce qu'ils étaient encore le matin même, un homme et une femme debout dans le monde, 
et à les voir marcher côte à côte sur le sol laqué de lumière froide, chacun pouvait saisir 
que désormais ces deux-là poursuivaient la trajectoire amorcée quelques heures auparavant, 
ne vivaient déjà plus tout à fait dans le même monde que Cordélia et les autres habitants 
de la Terre, mais effectivement s'en éloignaient, s'en absentaient, et se déplaçaient vers un autre domaine, 
qui était peut-être celui où survivaient un temps, ensemble et inconsolables, ceux qui avaient 
perdu un enfant."


"Marianne entend cet homme qui l'appelle et elle pleure, traversée par l'émotion que l'on 
ressent parfois devant ce qui, dans le temps, a survécu d'indemne, et déclenche la douleur
des impossibles retours en arrière - il faudrait un jour qu'elle sache dans quel sens s'écoule 
le temps, s'il est linéaire ou trace les cerceaux rapides d'un hula-hoop, s'il forme des boucles,
s'enroule comme la nervure d'une coquille, s'il peut prendre la forme de ce tube qui replie 
la vague, aspire la mer et l'univers entier dans son revers sombre, oui il faudrait qu'elle
comprenne de quoi est fait le temps qui passe."


"… Cependant, ces trois individus ont beau partager le même espace, participer de la même
durée, en cet instant, rien n'est plus éloigné sur cette planète que ces deux êtres dans la douleur
et ce jeune homme venu se placer devant eux dans le but - oui, dans le but - de recueillir
leur consentement au prélèvement des organes de leur enfant. Il y a là un homme et une femme
pris dans une onde de choc, à la fois projetés hors sol et renversés dans une temporalité disloquée
- une continuité que brisait la mort de Simon mais une continuité qui, comme un canard sans tête
courant dans une cour de ferme, continuait, une dinguerie -, une temporalité dont la douleur
tissait la matière, un homme et une femme concentrant sur leurs deux têtes la pleine tragédie
du monde, et il y a là ce jeune homme en blouse blanche, engagé et précautionneux, préparé
à mener l'entretien sans brûler les étapes, mais qui a déclenché un compte à rebours dans un
coin de son cerveau, conscient qu'un corps en état de mort encéphalique se dégrade, et qu'il faut
faire vite - pris dans cette torsion."


« Le cœur de Simon migre maintenant, il est en fuite sur les orbes, sur les rails, sur les routes, 
déplacé dans ce caisson dont la paroi plastique, légèrement grumeleuse brille dans les faisceaux 
de lumière électrique, convoyé avec une attention inouïe, comme on convoyait autrefois 
les cœurs des princes… »


"Le chant s’amplifie encore dans le bloc opératoire tandis que Thomas enveloppe la dépouille 
dans un drap immaculé – ce drap qui sera noué ensuite autour de la tête et des pieds -
et l’observant travailler, on songe aux rituels funéraires qui conservaient intacte la beauté 
du héros grec venu mourir délibérément sur le champ de bataille, ce traitement particulier 
destiné à en rétablir l’image, afin de lui garantir une place dans la mémoire des hommes. 
Afin que les cités, les familles et les poètes puissent chanter son nom, commémorer sa vie. 
C’est la belle mort, c’est un chant de belle mort. Non pas une élévation, l’offertoire sacrificiel, 
non pas une exaltation de l’âme du défunt qui nuagerait en cercles ascendants vers le Ciel, 
mais une édification : il reconstruit la singularité de Simon Limbres. Il fait surgir le jeune homme 
de la dune un surf sous le bras, il le fait courir au-devant du rivage avec d’autres que lui,
il le fait se battre pour une insulte, sautillant les poings à hauteur du visage et la garde serrée, 
il le fait bondir dans la fosse d’une salle de concert, pogoter comme un fou et dormir sur le ventre 
dans son lit d’enfant, il lui fait tournoyer Lou – les petits mollets voltigeant au-dessus du parquet -
il le fait s’asseoir à minuit en face de sa mère qui fume dans la cuisine pour lui parler de son père, 
il lui fait déshabiller Juliette et lui tendre la main pour qu’elle saute sans crainte le mur de la plage, 
il le propulse dans un espace post mortem que la mort n’atteint plus, celui de la gloire immortelle, 
celui des mythographies, celui du chant et de l’écriture."

9 août 2015

Salade fraîche aux tomates et citron confit


"J'ai chaussé mes lunettes de soleil et mes bottes de pluie. L'arc-en-ciel est sorti par ma bouche."
Eric Chevillard




En ce moment par chez nous, il y a une addiction profonde pour le citron confit. Il fait exploser nos sens,
réveille des souvenirs, rafraîchit, excite nos papilles. Il est partout dans notre assiette.




Ingrédients:

  • 20 petites tomates cerises
  • 30 g de citron confit Naturgie (magasin bio, ils sont excellents)
  • 1 poignée généreuse de petits pois cuits
  • 1/4 de concombre
  • 1/2 échalote
  • la moitié d'une petite gousse d'ail
  • herbes fraîches: persil plat-basilic-menthe
  • huile d'olive
  • un peu de jus de citron
  • sel

Tailler les tomates cerises, le citron confit et le concombre en brunoise.
Déposer le tout dans un saladier puis ajouter les petits pois, l'échalote finement émincée
l'ail pressé ainsi que les herbes fraîches ciselées.
Arroser d'un généreux filet d'huile d'olive et de quelques gouttes de jus de citron.
Saler, mélanger et garder au frais une bonne heure.